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J’interviens ici comme écrivaine et avec ma casquette de co-fondatrice du Réseau laïque romand. Que Le Peuple soit un média catholique ne me gêne pas, je n’ai pas le couteau entre les dents comme certains athées. Le christianisme, le judaïsme ou l’islam sont des expressions culturelles et spirituelles dignes d’intérêt, tant qu’elles ne viennent pas perturber les sociétés en revendiquant pour elles des exceptions à la règle commune. Le Peuple est-il d’extrême-droite comme l’ont dit certains ? Je ne crois pas, sinon je ne serais pas là. Vive la liberté d’expression ! En bonne Suissesse, je dirais aussi vive la quête toujours exigeante du compromis !

« Abaya » 0 laïcité 1

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Sans la laïcité, impossible d’interdire la chose informe nommée « abaya » dans les écoles, donc vive la France et vive la laïcité. Car nous avons affaire depuis un certain temps à une offensive islamiste qui utilise de jeunes musulmanes, consentantes ou sous emprise, comme étendards d’une cause dont elles ne mesurent pas la dangerosité.

Nadine Richon / Réseau laïque romand

Bien sûr, le vieux sociologue Jean Baubérot avec sa conception religieusement accueillante de la laïcité s’est empressé de pleurnicher sur les jeunes musulmanes portées par simple goût à s’emballer dans un gros sac recouvrant toutes leurs formes, comme sous le soleil écrasant du désert arabique. Il faut dire que les tempêtes de sable à Paris ou à Marseille, c’est du dernier chic, et que sous nos dômes de chaleur on pourrait penser que le tissu le plus entravant protège, tant qu’on n’a pas essayé par exemple la petite robe blanche large et courte; sans oublier que le regard de l’homme, mon Dieu !

Des féministes, parmi celles qui ne réfléchissent plus qu’à travers le prisme fourre-tout du patriarcat, ont logiquement vu derrière cette décision d’interdiction la main virile d’un gros barbu armé d’un cerveau-gourdin, pardon du jeune et brillant Gabriel Attal, nouveau Ministre de l’Éducation nationale, qui a également annoncé l’interdiction du «qamis» pour les garçons dans les collèges et lycées. On en parle moins car les jeunes homme soucieux de porter un habit traditionnel dont les fabricants zélés (voir les boutiques en ligne) assurent qu’il «ne moule pas les parties postérieures lors des inclinaisons et prosternations» ne sont sans doute pas (encore?) légion.

Et la Suisse, dans tout ça?

En Suisse, le phénomène semble marginal, heureusement, mais les voiles plaqués sur le front, le cou et les épaules (les fameux «hijabs») sont déjà bien visibles sur les adolescentes et fillettes dans nos préaux et aux abords des écoles. Précision : ces voiles sont interdits dans les écoles françaises depuis 2004 par une loi qui va donc pouvoir s’étendre aux autres déclinaisons vestimentaires du délire religieux et du séparatisme politique.

Nos jeunes Verts ou socialistes n’y trouvent rien à redire, eux qui auraient plutôt tendance à inclure une candidate voilée ici ou là sans voir derrière l’affichage d’une modernité paradoxale une publicité objective, sinon subjective, pour une forme d’islam aucunement moderne mais rétrograde, qui a déclaré la guerre à notre voisin français laïque, notre amie la France, sur laquelle nous pouvons compter pour freiner l’assaut de cet intégrisme religieux associé – partout où il le peut – à des pouvoirs politiques et militaires tyranniques.

Les Iraniennes et Iraniens assoiffés de liberté à la française en savent quelque chose. Le voile n’est pas le signe d’un islam religieux apaisé mais d’un islam politique extrêmement patient, peu soucieux de temporalité et de vie humaine. Il faut être drôlement présomptueuse pour croire que se voiler en Europe est un acte de liberté, quand on devrait savoir que le voile plaqué sans révolte possible sur des adolescentes malmenées va perdurer bien au-delà de son propre petit espace géographique, biographique et temporel.

L’islam asphyxié par ses faux amis

À moins qu’un islam vraiment libre ne puisse secouer cette sinistre mascarade qui s’est durablement emparée du troisième grand monothéisme pour en faire un carcan qui étouffe tout sur son passage, la liberté de penser, de s’exprimer, de vivre et d’aimer en toute sécurité. La laïcité sait tenir ce fourbe à distance mais elle restera bien fragile tant que ses ennemis islamistes se parent d’un discours redoublé – mot pour mot – par des gens de gauche qui trahissent les idéaux d’internationalisme, de solidarité et de lutte contre les dictatures militaro-religieuses, au nom d’une petite liberté individuelle et présomptueuse, tapageuse et trompeuse.

Cet alliage entre une bonne partie de la gauche et l’internationale de l’islamisme a quelque chose de tellement révoltant qu’il se pare, pour paraître supportable à ses propres yeux, d’un discours mielleux sur l’inclusion, le voile rose Barbie, l’antiracisme, et se drape dans la lutte contre le fascisme maison – l’islam politique est pourtant aussi un fascisme, né dans les mêmes années et le même moule, mais il parle désormais la langue du féminisme et du gauchisme pour mieux abattre ses cartes réactionnaires, sexistes et sanguinaires !

Beaucoup de musulmanes et de musulmans, de nos jours, n’en peuvent plus de se défendre contre l’islamisme et ne parviennent peut-être même plus à le repérer. Il a gagné du terrain dans le monde entier, mélange de terreur pure, de pressions insidieuses et d’injonctions identitaires. Nous ne pouvons rien y faire, c’est une question interne et le combat hélas bien inégal continue entre un islam du coeur, sans image publique hors des mosquées et des festivités, et un islam qui se veut hégémonique, qui a donc besoin d’une vitrine politique et qui ne lâchera jamais aucune proie.

C’est donc à la proie – de gauche et féministe mais aussi libérale – de se libérer elle-même. Il faut savoir repérer ses ennemis et pas uniquement dans son petit cocon helvétique où chaque parti tire sur son adversaire habituel parce que les habitudes ça rapporte et ça rassure dans un monde qui prend l’eau de toutes parts. Mais ça rassure faussement, et sur le dos des vrais amis au nombre desquels on trouve la laïcité.

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