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J’interviens ici comme écrivaine et avec ma casquette de co-fondatrice du Réseau laïque romand. Que Le Peuple soit un média catholique ne me gêne pas, je n’ai pas le couteau entre les dents comme certains athées. Le christianisme, le judaïsme ou l’islam sont des expressions culturelles et spirituelles dignes d’intérêt, tant qu’elles ne viennent pas perturber les sociétés en revendiquant pour elles des exceptions à la règle commune. Le Peuple est-il d’extrême-droite comme l’ont dit certains ? Je ne crois pas, sinon je ne serais pas là. Vive la liberté d’expression ! En bonne Suissesse, je dirais aussi vive la quête toujours exigeante du compromis !

Le zèle « antisioniste » du journal Le Courrier 

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Retour sur un édito de Christophe Koessler et Guy Zurkinden, qui fait parler de lui (en mal) dans la gauche française universaliste. Je vous offre ma petite analyse.

Donc en ce 27 janvier 2025 où il s’agit de commémorer le 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz, le journal genevois Le Courrier donne sur une pleine page la parole à l’eurodéputée Rima Hassan, qui prône la fin de l’État juif au profit d’un « État binational », sans même évoquer le sort qui serait alors réservé aux juifs israéliens revenus à l’état de minorités menacées en terre musulmane, et à BDS Genève, qui dénonce « la complicité de la Suisse avec Israël » et réclame le boycott intégral de ce pays « génocidaire ».

Mais le zèle « antisioniste » du Courrier ne serait rien sans un édito signé à deux – il ne faut pas lésiner sur les moyens quand la mise à mort d’Israël se profile – où il s’agit pour les deux hommes à la plume révolutionnaire de prendre l’Holocauste par tranches, délicatement : « plus d’un million de personnes, dont 90% juives » assassinées à Auschwitz, écrivent-ils, sans mentionner les cinq autres millions de juifs massacrés dans le cadre de la Solution finale. Nulle mention, bien sûr, du mot « Shoah » qui focalise sans doute trop sur le projet d’extermination nazi motivé par l’antisémitisme.

Et le colonialisme arabe, alors ?

En effet, la première horreur qui vient sous cette double plume est « le colonialisme », suivi par « la guerre » (occasion de citer un double mal non pas nazi mais israélien). Dans les faits, la guerre actuelle a été imposée à Israël par le Hamas (le quoi ? Le mot et la chose étant totalement absents de cet édito) ; cela dit la guerre reste horrible, bien entendu, et Israël devrait retrouver au plus vite un langage de paix. Quant au colonialisme, cet édito le mentionne pour délégitimer l’État juif, en plein accord avec Rima Hassan et avec le Hamas (s’il existait…). Du colonialisme arabe envers le seul petit pays juif, nul ne dit rien, en revanche.

Mais voici que sous cette double plume se profilent deux autres horreurs, en troisième et quatrième positions : « le racisme biologique et l’antisémitisme ». Enfin, mais n’oublions pas, pour terminer la liste « le nationalisme et l’impérialisme », des maux qui permettent, à nouveau, de coller à Israël deux concepts politiques associés entre eux pour ne voir dans toute manifestation nationale (mais surtout israélienne…) qu’une agression impérialiste.

Elon Musk bien pratique

Soyons justes : ces horreurs ne sont pas exclusivement attribuées à Israël, mais à « la modernité occidentale » dont elles sont les « éléments clés ». On se demande encore comment tant de personnes souhaitent rejoindre les démocraties occidentales, physiquement et/ou idéologiquement, mais bon, on nous dira que c’est la faute de l’Occident lui-même qui pille à lui seul les richesses du monde, ne donne absolument rien en retour et menace même de rétablir le nazisme, « comme en témoigne le salut nazi d’Elon Musk », écrivent nos deux héros du journalisme. Musk serait donc le parangon de « la modernité occidentale », ah bon, mais passons et revenons à l’accusé du Courrier en ce jour de rappel d’Auschwitz : l’État juif.

Coupable donc de génocide. Normal, me direz-vous, pour un État nazi. Et tellement vrai car quasiment décrété par la Cour internationale de Justice, évoquant un « risque de génocide à Gaza ». Et nos deux justiciers d’en appeler au « rapport fouillé d’Amnesty International du 5 décembre dernier » à l’appui de leurs dires selon lesquels « Israël a bel et bien commis un génocide ».

Et les colonies de l’Iran à Gaza et au Sud Liban ?

D’autres accusés se profilent sous cette double plume combative : la Suisse, l’Allemagne et les États-Unis, on en revient à cette fichue « modernité occidentale » tout juste bonne à vendre des armes pour défendre la quintessence du mal actuel : les juifs, pardon, l’État juif ! Et pourquoi ces pays défendraient-ils Israël, selon cet édito ? Simplement pour nourrir une « idéologie néocoloniale, raciste et impérialiste européenne et nord-américaine » : impossible pour nos deux journalistes de s’interroger sur d’autres raisons éventuellement valables, par exemple la sécurité des juifs du Proche-Orient, ou la lutte contre la loi sanglante imposée à sa propre population par le Hamas à Gaza, l’Iran sur l’ensemble de son vaste territoire ou encore le Hezbollah au Liban… Et pourquoi ne pas parler de l’impérialisme iranien et de ses colonies de Gaza et du Sud Liban ?


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Le Hamas n’existe pas, Israël tue par pure malveillance

Mais il fallait en revenir, encore, à l’ennemi public numéro un du Courrier pour terminer ce bel édito en ce jour de commémoration des 80 ans de la libération d’Auschwitz : Israël, coupable de « commettre aujourd’hui en toute impunité un crime de génocide ». Autrement dit un nouvel Auschwitz. Pris d’un léger vertige, les deux auteurs précisent « l’affirmer semble presque blasphématoire ». Mais vite, levons tous les doutes, puisque ce « gouvernement » (petite précaution, après avoir mentionné Israël à plusieurs reprises) qui prétend « représenter la population juive » (c’est vrai, tous les juifs devraient, au moins en quasi-totalité, vomir Israël, comme les quelques amis juifs sélectionnés par Le Courrier) mène une « guerre contre les Gazaoui·es » ; donc les menaces quotidiennes, les bombes et les tunnels du Hamas n’existent pas, ni le pogrom du 7 octobre ni les otages. Israël tuerait dès lors des civils, des femmes et des enfants volontairement et uniquement, exprimant ainsi sa pure méchanceté, son « racisme biologique », sa folle volonté de puissance et son ignoble machiavélisme… Tiens, tiens, ne parlait-on pas ainsi des juifs au Moyen-Âge ?

Si, après ça, on s’étonne encore de la montée en puissance de l’antisémitisme, c’est qu’on n’a pas son abonnement au Courrier qui sait de source absolue combien « la mémoire de l’Holocauste » a été « dramatiquement affaiblie » par l’État lui-même issu de l’Holocauste. Israël ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Comme les juifs jadis pourchassés dans le monde.

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