Press "Enter" to skip to content

Fabrice Chaperon, 47 ans, marié, un enfant. Responsable syndical de Syna Genève, je suis très sensible au partenariat social et aux valeurs familiales.

Syndicalisme et ouverture politique

Partager cet article

Je suis syndicaliste depuis plus d’une décennie. Après avoir été président de la commission du personnel dans une entreprise privée, je suis actuellement responsable régional au syndicat Syna (syndicat d’origine chrétienne) à Genève. Je suis clairement de gauche, bien que la gauche postmoderne me dérange souvent. 

Lors de combats syndicaux, nous nous allions très régulièrement avec des partis à gauche de l’échiquier politique. Cela semble immuable, c’est «dans l’ordre des choses». 

L’an dernier, le parti vert libéral genevois a lancé une initiative pour un congé parental. 

Syna étant le syndicat de la famille (nous avons lancé le congé paternité en 2018 et gagné la votation en 2020), nous nous sommes rapprochés de ce partenaire politique, ce qui a constitué une nouveauté. Des commentaires d’autre syndicalistes ont alors fusé, critiquant cette alliance avec un parti qui n’est pas de gauche, parce qu’il ne représente pas nos intérêts. Ce crime de lèse-majesté a ouvert un débat tabou. Au sein même de notre syndicat, la discussion a suscité des avis divergents, mais la majorité a voté en faveur du soutien à cette initiative.

D’où la question: peut-on être un-e syndicaliste loyal-e et s’allier avec n’importe quel parti, du moment qu’il représente les intérêts de nos membres?

Chez Syna Genève, chaque demande d’alliance doit être validée par notre comité régional (composé de militant-e-s de la base et de professionnel-le-s), mais globalement, si un parti propose une avancée pour nos membres et par ricochet pour la classe ouvrière, il faut casser le dogme et se lancer. En Suisse, la politique des petits pas a fait ses preuves. Les grands discours révolutionnaires ont de la gueule, mais pour quels résultats? 

Pour la petite histoire, l’initiative pour un congé parental de 24 semaines a été acceptée dans les urnes. Syna est fier d’avoir contribué à poser les bases d’un progrès familial qui pourra évoluer dans le temps. Nos alliés politiques du moment ont été d’une loyauté et d’une aide inestimable et nous le leur avons bien rendu. C’est ce qu’on appelle une situation gagnant-gagnant, ce qui n’empêche pas certaines divergences actuelles et futures. 

Je suis heureux d’écrire ce premier texte pour le journal Le Peuple, qui par sa largeur de vues et sa liberté de parole ouvre de nouveaux horizons. Je ne suis évidemment pas d’accord avec une partie des opinions publiées dans ce journal, mais la culture du débat m’est chère, comme à son rédacteur en chef d’ailleurs. Enfoncer les portes ouvertes ne m’a jamais intéressé. Au contraire d’un éminent socialiste qui se demande ce qu’il est allé faire dans cette galère ( je le remercie car il a ouvert la voie aux débats contradictoires), je suis partant pour faire ce qu’un syndicaliste fait le mieux: dialoguer, lutter et convaincre, avec respect.

Être syndicaliste, c’est s’adapter au monde professionnel en perpétuel mouvement, c’est prendre des risques et c’est rendre une partie de leur dignité aux employé-e-s trop souvent lésé-e-s par un patronat de plus en plus prédateur –  bien que les bons employeurs existent aussi. Mais ceux-là devraient sortir plus souvent du bois pour dénoncer leurs confrères voyous.

Le syndicalisme 2.0 est en marche !

Comments are closed.