Bien sûr, il y a dans nos sociétés des gens très moches, des abuseurs, des racistes, des pollueurs à large échelle, des mafias… mais je dois dire que les mouvements féministes actuels, quand ils se mettent à vociférer leur haine d’Israël et à brandir des drapeaux palestiniens, ne sont pas beaux non plus à entendre et à regarder. Et quand ils donnent par communiqué des leçons aux femmes juives, osant rappeler le sort atroce réservé par le Hamas aux Israéliennes, ces mouvements féministes ressemblent aux foules jadis animées par l’antijudaïsme le plus crasse.
« La libération de la Palestine est une cause féministe » et « le sionisme n’est pas une cause féministe », clament dans un communiqué daté du 26 mars 2024 plus de 70 groupes féministes français rassemblés contre le collectif juif « Nous Vivrons ». Gageons qu’il en va de même en Suisse. Un seul groupe féministe juif. Un seul État juif. Les juifs sont seuls. Déchaînez-vous, amies « féministes » décoloniales et révolutionnaires, faites-vous une bonne conscience sur le dos des femmes juives, obtenez le bénéfice symbolique suprême de passer pour des modèles d’antiracisme sur le dos du judaïsme ultra-minoritaire, servez-vous, c’est open bar avec les Juifs !
Le Hamas serait donc féministe ?
Ce communiqué explique que les « peuples opprimés » ont le droit de se révolter contre ceux qui les oppriment. Le Hamas a le droit de se révolter. Bien sûr, le Hamas reste bien dans l’angle mort de ce communiqué : jamais cité pour mieux évacuer les atrocités perpétrées par ces gens qui n’ont pas su gérer Gaza alors même qu’ils ont pu profiter d’un joli territoire « Judenrein », totalement évacué par Israël en 2005. Ce sont des hommes de guerre qui se sont imposés en 2006-2007 par la force et parce que le Fatah, pourtant bien soutenu par les Gazaouis, était trop divisé. Les hommes du Hamas ne sont pas des démocrates et certainement pas des féministes. Mais pour nos 70 associations féministes, le Hamas n’existe pas. La guerre déclenchée contre Israël le 7 octobre n’existe pas. Il y a juste un peuple palestinien opprimé par un État oppresseur et colonisateur du seul fait d’exister dans cette région. Discours caricatural, discours facile, discours osé, Poutine lui-même en serait épaté.
L’antisémitisme c’est la faute aux Juifs ?
Les bombes du Hamas sur Israël depuis des années, les tunnels du Hamas, les soutiens du Hamas, la stratégie du bouclier humain contre la population de Gaza, tout cela n’existe pas. De même, pour lesdites féministes, n’existe pas le renforcement avéré après le 7 octobre de l’identification à leur État des citoyens arabes israéliens majoritairement musulmans. Deux poids et Deux mesures : Israël existe et le Hamas n’existe pas (ou alors seulement comme entité forcément créée par Israël lui-même). Diabolisation : Israël existe en tant qu’oppresseur uniquement, foncièrement, ontologiquement. Délégitimation : comme entendu lors de la dernière manifestation en date à Lausanne (23 mars 2024), Israël n’a rien à faire dans cette région. La règle des « trois D » de Natan Sharanski (utilisée pour distinguer l’antisémitisme de la critique d’Israël) est bien respectée. J’ajouterais Détournement, car dans cette logique décolo-féministe « une des causes » de l’augmentation de l’antisémitisme dans le monde serait précisément le soutien des Juifs à Israël, autrement dit l’antisémitisme n’est pas créé par les antisémites mais par les juifs eux-mêmes. Détournement encore quand – pour rendre la minorité juive encore plus minoritaire – le gros féminisme décolonial brandit toujours la même minuscule poignée de Juifs totalement réfractaires à Israël. Dans certains cercles, on aime le Juif, rare mais bruyant, qui dénonce les autres Juifs.
Je ne sais pas, depuis Lausanne où j’écris, si un service d’ordre juif à Paris s’est vraiment montré « violent et provocateur » dans la manifestation féministe du 8 mars, face au déploiement mignon des drapeaux palestiniens et des vociférations assimilant Israël au « génocide », voire au nazisme. Peut-être y a-t-il eu de l’agressivité de part et d’autre à Paris. Mais à Lausanne, par exemple, l’agressivité était du seul fait d’un certain nombre de manifestantes dites propalestiniennes déchaînées.
Ce que je sais, c’est que le mouvement féministe ne sera plus jamais pacifique et pacifiste tant qu’il se laissera envahir, en son cœur même, par la cause non plus des femmes opprimées mais des « peuples opprimés » et tant que le peuple juif sera diabolisé.
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