En Suisse, une chercheuse en sciences humaines et sociales refuse de travailler avec des homologues palestiniens tant que le Hamas n’aura pas libéré tous les otages israéliens. Cette enseignante et politicienne de gauche exige en outre que les Palestiniens chassent définitivement le Hamas et se donnent des structures démocratiques et pacifiques. Elle affirme ses positions en interview dans un média grand public, se réclame de son statut de scientifique et de pacifiste, cite la prestigieuse institution publique qui l’emploie et se pare elle-même de la plus haute droiture morale, au nom de laquelle il lui paraît impossible de collaborer avec des collègues palestiniens, tant que (voir plus haut…)
Aussitôt, elle est rappelée à l’ordre par sa hiérarchie, qui lui demande de ne plus s’exprimer dans les médias à ce sujet en tant que chercheuse. De sages personnes lui rappellent que ce boycott dont elle se vante ouvertement fait le jeu de ceux qui crient le plus fort sous les caméras, qui agitent dans la rue et aux fenêtres de grands drapeaux israéliens, qui brandissent le Dieu d’Israël, voire menacent des musulmans partout sur la planète. Choqués par ce qu’ils considèrent comme de la discrimination envers des scientifiques palestiniens tenus personnellement responsables des horreurs du Hamas, des collègues de gauche lui tournent le dos. Des étudiantes et étudiants, les nerfs à vif, l’interpellent de la plus vive des manières et l’empêchent de travailler, allant jusqu’à menacer d’autres étudiants, soucieux de soutenir les Palestiniens ou simplement de suivre les cours de cette enseignante, d’ailleurs sans aucun rapport avec la situation d’Israël et de la Palestine.
Cette petite histoire s’inspire de faits réels. Elle s’est produite tout récemment en Suisse romande et chaque lecteur pourra facilement se renseigner. Bien sûr, je l’ai librement interprétée à ma sauce satirique. Comprenne qui pourra. Et qui réfléchira se dira, peut-être, que la guerre – déjà suffisamment horrible sur le terrain – n’a pas sa place dans les lieux censés œuvrer à la réflexion, au dialogue et à la paix. Si une pression extérieure doit sans doute s’exercer sur les Palestiniens comme sur les Israéliens, ce sera sur une base bienveillante envers ces deux populations, sinon on ne fera qu’attiser la haine sans obtenir la confiance nécessaire pour soutenir la construction de relations pacifiques entre les deux entités. Tenir un vrai langage de paix ne va visiblement pas de soi même dans les lieux dédiés au savoir et à sa transmission.
Nadine Richon
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