Comment parler autrement que d’une manière avant tout personnelle de ce qui arrive en ce moment même dans cette région du monde, alors qu’on vit tranquillement en Suisse ?
Difficile de répondre à la demande de notre cher rédac-chef au sujet de la guerre déclarée à Israël par le Hamas. Difficile pour moi qui ne suis ni Israélienne ni juive, ni gauchiste facilement attirée par la critique d’Israël, ce fameux antisionisme parfois à la limite d’un antisémitisme plus ancré qu’on ne croit dès lors qu’il s’agit d’envisager ce pays sous l’angle du refuge qu’il apporte aux juifs du monde entier, alors que l’Europe perd une part d’elle-même en ne parvenant plus à assurer de son indéfectible solidarité chacun de ses concitoyens de tradition juive.
Paradoxalement pour un conflit aussi inextricable, je vais essayer de faire vite, faute de pouvoir apporter un éclairage véritablement informé sur les grandes problématiques de cette région, comme les grandioses manifestations contre la réforme judiciaire voulue par une classe dirigeante israélienne prête à trahir les bases démocratiques de ce pays, ou encore comme la question jamais résolue de l’intégration des réfugiés palestiniens en Jordanie et d’autres pays arabes. Ce sont deux questions cruciales, me semble-t-il, et la première divise les Israéliens d’une manière inquiétante pour un pays fondé sur une harmonieuse diversité ayant peu d’équivalent sur cette planète ; l’existence même de cette diversité donne tort aux antisémites : non, tous les juifs ne pensent pas de la même manière, ni sur le plan religieux ni sur le plan politique, et même les ultra-orthodoxes israéliens sont obligés d’en convenir. En revanche, et c’est bien normal, tous les juifs dans leur immense majorité et tous les citoyens israéliens (y compris arabes) soutiennent le droit d’Israël à perdurer dans cette région comme un État parmi d’autres, ni plus ni moins parfait, sans être menacé dans son existence.
Mélenchon discrédité
J’en viens logiquement aux événements sanglants initiés par le Hamas en violation extrême de ce droit à la sécurité. Là encore, c’est difficile, tant on a l’impression d’halluciner. Autrefois il pouvait m’arriver d’être agacée par des dirigeants israéliens clamant n’avoir pas d’interlocuteur valable côté palestinien. Aujourd’hui, force est de constater que cet interlocuteur s’est évanoui sous les coups terroristes et maffieux du Hamas, soutenu on le sait par l’Iran, semble-t-il aussi par la Turquie (ce qui avec le sieur Erdogan aux manettes n’aurait rien de surprenant) et même, il faut bien le dire, par une partie de la gauche et des institutions européennes qui alimentent depuis si longtemps un narratif palestinien largement déconnecté et une cause humanitaire (parfois d’obédience chrétienne) détournée par le Hamas.
Hier encore, le dirigeant de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a mis dos-à-dos un pays à part entière – mais Israël est-il un pays légitime aux yeux de cette gauche-là ? – et une organisation classée au rayon du terrorisme par les États-Unis et l’UE. Chez les socialistes français à bout de souffle on trouve pourtant de vrais défenseurs d’Israël (et pas forcément de tous les développements récents dans ce pays) et on a pu entendre certains se dire dégoûtés par cette réaction de la France insoumise, qui n’est sans doute pas absente chez nombre d’adeptes helvétiques d’une cause palestinienne de plus en plus floue sous les volutes du temps qui passe et d’une géopolitique arabe totalement contradictoire et fumeuse.
Un ennemi absolu, mais parfois déguisé
Il se trouve qu’un mot n’est pas prononcé à gauche (à droite non plus où certains jouent la peur de l’Islam) sans crisper aussitôt les langues, que ce soit sur le sol européen ou pour évoquer la situation d’Israël : l’islamisme qui ne soutient pas – pour le moins – la cause démocratique dans bien des pays arabes et qui, concernant l’Iran, n’est même pas une question discutable puisqu’il constitue son socle politico-militaro-religieux. Or l’islamisme est un poison qui gangrène la vaste tradition islamique dans le monde entier. Pour cette raison même, on ne doit le soutenir nulle part, fut-ce en Europe où il se réclame frauduleusement de la liberté. Une bonne partie de la gauche, hélas, ne l’a pas compris, ne veut pas le comprendre.
Ce poison est politique, antidémocratique, mais il est aussi, comme on le voit en ces heures particulièrement sombres, sanguinaire, criminel, crapuleux, odieux. Alors je conclurai rapidement avec toutes les personnes de bonne volonté, et comme on doit dire aujourd’hui « Slava Ukraini » : plein soutien et longue vie à Israël.
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