(Fiction littéraire par Abbé Alain René Arbez, en réaction à notre travail sur l’écologie à la sauce François)
« Domine, aperi oculos meos » ouvre mes yeux Seigneur…
Chers frères et sœurs, nous vivons assurément des temps difficiles, et dans la confusion du relativisme ambiant, il est bon de retrouver la boussole des Saintes Ecritures et du magistère. L’Eglise n’a pas pour mission de se substituer aux consciences, mais au contraire de les éveiller et de les encourager au discernement, afin que soient librement prises les bonnes décisions. Nous disposons de critères fiables dans la Révélation judéo-chrétienne, et grâce à ces repères spirituels incomparables, nous ne nous laisserons pas influencer par les courants idéologiques qui prétendent imposer leur vérité. Certes, comme le rappelle St Jean, nous vivons « dans le monde », mais nous ne sommes pas « du monde ».
Cette posture est valable aussi concernant l’environnement qui est une part essentielle du bien commun sur cette terre. Des débats contradictoires ont lieu par rapport au climat et à ses variations et cela nous enjoint à clarifier les objectifs des uns et des autres. S’il est en effet indispensable de s’inspirer des études scientifiques aux conclusions parfois discordantes, il est nécessaire de se faire une opinion nuancée inspirée de la foi et de la raison, afin de ne pas se laisser enfermer dans des options idéologiques.
Nous constatons les dimensions événementielles parfois problématiques et souvent imprévisibles du climat qui a toujours varié au cours des siècles et des millénaires. Au regard des divers rapports scientifiques actuels, il est bien difficile d’affirmer comme un dogme que le changement du climat serait la seule résultante des activités humaines. Bien sûr, nous serons tous d’accord pour encourager la lutte contre la pollution, contre tout ce qui défigure la planète en raison de comportements humains inappropriés. Il s’agira alors de cerner les irresponsabilités de puissantes sociétés internationales ainsi que des nations les plus polluantes auprès desquelles les efforts restrictifs de quelques pays européens seraient insignifiants.
Le créateur a confié la nature, hommes et animaux, à la responsabilité de l’humanité appelée à une maîtrise intelligente et collective de la création. C’est le pacte de l’alliance qui inclut, dans cette sauvegarde de la nature, les êtres humains et le monde animal, végétal et minéral. Tout ce qui porte atteinte au bien-être des peuples doit donc être combattu par des moyens adéquats et pacifiques porteurs d’avenir. Parallèlement, toute maltraitance ou instrumentalisation abusive du monde animal doit prendre fin. La Bible nous rappelle que sous l’arc en ciel de l’alliance, les animaux font partie de l’aventure terrestre à part entière. A l’instar de Noé, les êtres humains ont une responsabilité envers tous les êtres vivants.
En ce qui concerne les signes d’un réchauffement du climat, ne minimisons pas le fait qu’il existe plusieurs interprétations scientifiques. Parmi les différentes positions, le rapport du GIEC émis par l’ONU a fait le choix d’une culpabilisation globale impliquant que l’activité humaine est seule responsable de l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère. Les a priori de ce document sont clairement contestés par des scientifiques de haut niveau. Le danger serait d’en faire un dogme irréfutable alors que d’autres approches scientifiquement fiables refusent un descriptif apocalyptique et engagent au débat. Le climato-catastrophisme n’est certainement pas une voie de sagesse. D’autant plus que certains dirigeants politiques espèrent pouvoir imposer de manière coercitive des décisions restrictives qui auront un retentissement considérable dans la qualité de vie de millions sinon de milliards de personnes.
Des milliers de scientifiques, dont des prix Nobel, nous disent que le CO2 n’est pas un poison. Il contribue à l’accroissement de la bio-masse dans l’atmosphère et favorise la végétalisation. La hausse des températures depuis la fin du petit âge glaciaire (19ème s.) a précédé de deux siècles les émissions conséquentes de CO2. Il est établi que la hausse du niveau des mers n’excède pas 10 cm par siècle. On constate que si des glaciers fondent dans les montagnes, en revanche l’antarctique, qui est le plus grand glacier du monde (90% de la glace mondiale), a augmenté en 10 ans de 661 milliards de tonnes. Depuis 1910, la terre s’est réchauffée de 1°. Certains climatologues ont des raisons de penser que la terre s’oriente vers un refroidissement à l’échelle des siècles futurs. Pour expliquer le réchauffement climatique récent, beaucoup pointent du doigt les éruptions et vents solaires et leurs répercussions variables sur terre.
La Banque mondiale a estimé à 100 000 milliards de dollars le processus de décarbonation imposé par les conférences climatiques jusqu’en 2050 : C’est un coût explosif allié à une dynamique de peur collective et de repentance compulsive, qui ainsi laisse croire aux adolescents que la vie de la planète est condamnée à brève échéance, ce qui engendre ainsi la désespérance. Des couples hésitent à donner la vie à un enfant avec de telles perspectives présentées comme inéluctables. On risque alors de revoir les phénomènes d’hystéries collectives telles qu’elles s’étaient propagées autour de l’an mille dans la peur de la fin du monde.
Il est donc présomptueux d’interdire toute alternative à l’analyse catastrophiste des événements naturels. Il n’existe pas de dogme climatique, et il est indispensable d’encourager les discussions entre scientifiques afin d’éviter tout totalitarisme intellectuel. Les enjeux sont incalculables au sein des populations lorsque se met en mouvement une « transition énergétique » autoritaire.
Plus positivement, pensons au témoignage pluriséculaire des moines bénédictins qui en Europe chrétienne ont su vivre au fil du temps une interaction créatrice entre l’homme et la nature. Leurs connaissances spirituelles alliées aux connaissances de la nature ont porté leurs fruits. Cela n’autorise pas les sociologues à inventer aujourd’hui un mythe de l’harmonie des sociétés primitives, qui instaurerait un ressentiment haineux envers l’homme occidental et ses réalisations civilisationnelles.
Il est donc humainement contre-productif de généraliser une panique planétaire en conditionnant les consciences autour des hypothèses les plus alarmistes et les plus contraignantes. L’expérience qui est celle de l’Eglise lui confère une expertise en humanité qui peut ouvrir des chemins de réflexion apaisée.
Dieu a créé l’être humain « à son image », capable de discernement, de création, d’inventivité, et surtout capable d’amour et de solidarité. Il est urgent de promouvoir ces perspectives dans tous les domaines, en refusant toute infantilisation des esprits. Les ressorts du monde réel dépassent de loin nos approches conjoncturelles limitées et nous avons aujourd’hui à requérir toutes les initiatives constructives pour faire face aux défis des années à venir.
L’Eglise catholique est une Eglise universelle, respectant les particularismes de chaque nation, ouverte aux charismes des cultures sans faire de syncrétisme : elle n’est aucunement une Eglise mondialiste qui devrait se laisser emporter par les vagues idéologiques au gré de vents contraires pour plaire au monde et contribuer à un nouvel ordre mondial fondé sur le déracinement des individus considérés comme interchangeables.
L’Eglise du Christ, bimillénaire, n’a pas à se mêler de propositions aléatoires telles que les éoliennes ou autres techniques dites écologiques et sujettes à caution. L’Eglise sacrement de salut doit garder son cap essentiellement spirituel vers le monde à venir, elle doit se soucier fidèlement du salut des âmes, en développant le vrai sens du sacré dans sa liturgie, ce qui l’amène à se défier des nouvelles idolâtries. Elle a pour mission d’annoncer le Royaume de Dieu « à temps et à contre-temps », selon l’apôtre Paul, avec cette espérance invincible qui s’inspire de tous les paramètres de la Parole de Dieu.
Abbé Alain René Arbez
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