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Je suis chrétien et anarchiste de droite, j’ai un Dieu, mais pas de maître. Journaliste, à la tête du magazine Le Peuple, je m’exprime sur cette newsletter à titre personnel, avec ma casquette de philosophe et de passionné de littérature. Vous allez peut-être tomber de votre tabouret, si vous venez ici pour la première fois, mais je respecterai vos désaccords, car j’aime avant tout le débat. J’aime aussi la bonne humeur, la bière, la viande rouge et le squat à la barre fixe, mais sous la parallèle.

Éloge de la pizza aux frites

Excellent choix, mon fils.
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Ce soir, mes gamins et moi sommes sortis dans un de ces restaurants italiens popus et généreux, généralement tenu par des Albanais. C’est un de ces endroits où j’ai mes habitudes et où j’aime la sensation de partager une même vision de l’anthropologie avec les serveuses. Là-bas, un papa est un papa, une maman est une maman, tout est banal, tout est bien. 

Pendant notre repas, tandis que mon cadet attaquait sa pizza aux frites, la radio s’est mise à cracher « It’s My Life », de Bon Jovi, dans une version acoustique. Imaginez le tableau : la plus grosse tarte à la crème musicale de l’histoire, aux paroles encore plus insignifiantes qu’une chanson de Yannick Noah (Traduisons le refrain : « C’est ma vie / C’est maintenant ou jamais / Je ne vivrai pas éternellement /Je veux seulement vivre tant que je suis encore en vie »), mais en version triste !

Remaquable travail de la coiffeuse.

Et je dois vous avouer un truc : la chanson m’a ému, même avec ses grosses ficelles. Alors il y a sans doute des conditions qui participent à cela : je suis fatigué (en plein déménagement) et je fais un mauvais mois sur le plan financier. Reste qu’en voyant mon gamin manger sa pizza aux frites – plat qui ferait hurler n’importe quel bonhomme qui a fait philo avec moi à l’Uni –  j’ai eu le sentiment d’avoir fait quelque chose de positif de ma vie : créer une véritable culture familiale, qui se fout bien des conventions.

À vrai dire, ma culture familiale est une chose assez contradictoire. Très fortement marquée par la foi et par un souci de transmission civilisationnelle, elle est aussi tournée vers les gens simples, d’où qu’ils viennent. Je vous donne un exemple : des Kurdes, dans ma ville, font des soupes turques et un kebab excellent avec un mélange fait maison : j’y vais plus volontiers que dans des restaurants chers où l’assiette la moins petite de toutes s’appelle « le moment principal ». Simplement parce que je préfère ces vieux bonhommes, généreux et simples, à un mec pédant qui me souhaitera « excellente continuation » au milieu des très riches. Je ne suis peut-être pas du même horizon culturel que le maître kebabier, mais au moins je suis du même monde. 

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Il en va de même de la pizza aux frites : est-ce que cette assiette constitue un crime contre la gastronomie ? Évidemment, mais c’est bon (si si, j’ai goûté !) et ça fait marrer mes gosses. Ça m’attriste d’ailleurs que l’aîné se pique de plus en plus souvent de manger des plats d’adultes, comme moi. Tôt ou tard, il faut bien devenir nostalgique de toute chose, y compris de la fameuse Pizza Titi de la Maison Blanche.

Vivre selon ses règles

Je suis trop sensible pour que ma vie puisse être un long fleuve tranquille. Même mon chat, que j’ai dû amener chez le vétérinaire aujourd’hui, ressent et souffre du stress que je diffuse. Il y a des blessures que l’on garde à vie. 

Mais au moins je vis selon mes règles, et pour cette chance je rends grâce à Dieu. Et quand viendra l’heure de me diriger vers le monde prochain, j’espère pouvoir chanter la même chose que Bon Jovi dans la chanson qui nous a valu de partager ce petit moment : « Mon cœur est comme une autoroute ouverte / Comme Frankie l’a dit : j’ai fait les choses à ma façon ».

Et j’espère qu’il y aura aussi des enfants éternels qui mangent des pizza aux frites au paradis.

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